lundi 8 octobre 2012

Lu Xun


Patrick Forest
Lu Xun, "La vraie histoire d'Ah Q" (1921), "Mon village natal" (1921), "Le journal d'un fou" (1918), "Kong Yiji" (1919).

Lu Xun est un des piliers de la littérature moderne chinoise.  Né à la fin du 19e siècle sous le nom de Zhou Shuren, il écrira un nombre important de nouvelles et deviendra une des figures emblématiques de la gauche, que ce soit chez le mouvement du 4 mai ou encore chez le Parti communiste chinois. Il ne rejoindra cependant jamais ce dernier bien qu’étant un sympathisant. Les quatre nouvelles étudiées ici furent réunies en 1923 dans le recueil intitulé Na Han, un précurseur de la littérature en vernaculaire.

"Le journal d’un fou" nous raconte l’histoire d’un frère cadet atteint d’une sévère crise de paranoïa. L’originalité de ce récit est que l’auteur se met du point de vue du délirant, nous emmenant sur une histoire de cannibalisme communautaire. Il est suivi de "Kong Yiji," un récit racontant l’histoire d’un lettré ayant échoué aux examens. Délaissé, considéré comme une anomalie au sein du village, il finira au ban de sa communauté.  On pourrait voir ici une critique de la part de Lu Xun au sujet des examens, puisqu’un lettré devient en quelque sorte condamné à les réussir s’ils veulent se trouver un travail. Mon village natal montre le retour dans son village natal d’un fonctionnaire habitant désormais en ville. Outre les préjugés normaux voulant que d’habiter en ville implique d’être riche, on y découvre qu’une «épaisse muraille» sépare les différentes classes sociales en Chine. Alors que Jouen-tou et le narrateur avaient été de grands amis pendant l’enfance, ils ne purent recréer ces liens. Finalement, "La vraie histoire d'Ah Q" peint le portrait d’un personnage fictif, Ah Q. Simple paysan illettré et sans emploi d’une petite ville de campagne, il va être utilisé comme tête de Turc par les révolutionnaires, voulant mettre fin à la hausse des vols.


Si nous devions tenter de voir l’intérêt de ces nouvelles, nous pourrions soulever l’importance omniprésente de la communauté dans les villages. Dans chacun des quatre récits, cette dernière exerce un poids formidable et est acteur de premier plan. Dans "le Journal d’un fou," par exemple, la communauté au complet semble s’intéresser au cas du frère paranoïaque, dans "Kong Yiji" les actions du protagoniste envers le lettré itinérant sont en grande partie dictées par l’opinion de la foule. Cette même logique est perçue dans les deux derniers récits, où la communauté joue un rôle d’intéressé : voulant obtenir le maximum lors du déménagement ou encore entretenant une relation avec Ah Q directement en lien avec sa richesse. 

Nous pouvons également sentir l’opinion de l’auteur au sujet du vieux système impérial, critiquant plus ou moins ouvertement le mur entre ceux ayant grimpé les échelons et ceux qui y ont échoué. Très visible dans Mon village natal, nous le voyons également dans "La véritable histoire d’Ah Q," où obtenir un rang académique donne un prestige important à la famille, créant un fossé entre ces familles est les autres.

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