lundi 3 décembre 2012

Guerrilla Workfare


Steven Peng-Seng

Guang, Lei. "Guerrilla Workfare: Migrant Renovators, State Power, and Informal Work in Urban China", Politics Society, Vol. 33, No. 481. p. 481-506.

Lei Guang est un professeur de science politique spécialisé dans ce qui entoure les paysans, les migrants et les travailleurs des pays développés tels que la Chine et l'Inde. Il travaille actuellement sur les relations entre l'État local et les conflits sociaux en Chine et en Inde.

Dans cet article, Lei Guang aborde un type particulier de travailleurs migrants en Chine: les rénovateurs de résidence provenant du monde rural. Il a pour but de comprendre leur point de vue sur le travail, leurs relations entre eux et leurs relations avec l'État chinois en effectuant une étude de type ethnographique depuis les années 1990. Ainsi, l'auteur concentre son étude sur un groupe de rénovateurs du comté de Laomei travaillant à Beijing.  Le second objectif de ce texte est de défaire l'ordre institutionnel socialiste et ses relations avec la main d'œuvre chinoise qu'aurait créée la réforme économique des années 1980. La croissance de ce type de main d'œuvre est parallèle aux développements rapides de l’immobilier urbain suite aux réformes des années 1980. 

dimanche 2 décembre 2012

Rester ou rentrer ?


Virginie Leduc – Billet 7
CHI, Y-Ling  « Rester ou rentrer ? La question du retour chez les migrants chinois. », L’Économie politique, Vol. 1, No. 49 (2011), p. 24 à 43.


Y-Ling Chi est actuellement candidate au doctorat en santé publique à l’Université d’Oxford. Elle a précédemment fait ses études en France et aux États-Unis. Par ailleurs, elle a été consultante  et analyste à l'OCDE (Organisation for Economic Co-operation and Development) au sein de la division santé en plus d’être chercheuse invitée à l'Académie des sciences sociales chinoise (Institut de politique et d'économie internationale).

                L’article Rester ou rentrer ? La question du retour chez les migrants chinois paru en 2011 dans la revue l’Économie politique traite du phénomène du retour et à son application dans le cas des migrants chinois. Cette étude, en plus de s’appuyer sur des recherches antérieures tant sociologiques, économiques ou politiques sur la migration chinoise, s’appuie sur une enquête, sous forme de questionnaire,  menée à Pékin entre novembre 2009 et janvier 2010 sur 99 migtants. L’auteur début son article définissant le migrant chinois comme étant un individu travaillant hors de son lieu de résidence déclaré pendant plus d’un mois par an. Elle continu en expliquant que le phénomène de migration en Chine, est devenu une réelle préoccupation pour les dirigeants, faisant augmenter considérablement les habitants des villes (parfois de 2 millions en 1980, à près de 200 millions en 2011. L’auteur nous apprend qu’il y a deux générations ou cohorte de migrants chinois; ceux partis avant et après 2000. Les différences dans les caractéristiques, tant sur l’âge, l’état familial, les conditions, les raisons du départ et du retour, sont évidentes.

Migrations internes et accès aux marchés du travail urbains à Shanghai


Billet de Jocelyn Morand-Contant

Roulleau-Berger Laurence et Shi Lu, « Migrations internes et accès aux marchés du travail urbains à Shanghai »,  dans Fédéric WANG, Le choix de la Chine d’aujourd’hui : entre la tradition et l’Occident, Éditions des Indes Savantes, Paris, 2010.

Laurence Roulleau-Berger est une sociologue qui a terminé son doctorat en 1982 à l’Université Lyon-2. Ses domaines de recherche sont la sociologie urbaine, la sociologie économique et la sociologie des migrations. Elle est membre ou directrice de plusieurs comités. Shi Lu est également un doctorant et a fait ses études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (E.H.E.S.S.) à Paris. Son directeur de thèse était Lucien Bianco, historien que l’on a déjà lu auparavant. Tout comme Laurence, il s’intéresse au thème de la migration en Chine depuis les 30 dernières années.

Dans cet article d’une quinzaine de pages, les deux auteurs font une analyse des migrants chinois peu qualifiés à Shanghai. Ils parlent des Chinois qui viennent en ville et qui souhaitent y trouver un travail. Ce phénomène a commencé à apparaitre au cours des années 80 avec l’ouverture économique de la Chine. En même temps, les autorités centrales ont diminué leur contrôle sur le système du hukou, passeport interne qui délimitait les zones auxquels les paysans avaient le droit d’aller.  Les auteurs nous expliquent également que l’État n’offre plus « l’emploi à vie » et que le chômage en ville commence à apparaitre. 

La parole comme arme de mobilisation politique


Amelia Lecousy             Mardi 4 décembre 2012
Billet 8


Isabelle THIREAU, Chang SHU, «  La parole comme arme de mobilisation politique » dans D’une illégitimité à l’autre dans la Chine rurale contemporaine, Études rurales, Editions de l’E.H.E.S.S., 2007/1 n179, pp.35-58.

Très peu d’informations nous sont accessibles concernant la vie des deux auteures, Isabelle Thireau et Chang Shu. Néanmoins, le site de l’E.H.E.S.S (École des Hautes Études en Sciences Sociales) nous apprend qu’Isabelle Thireau est directrice de recherche du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine. Sociologue, son champ d’études se concentre sur la sociologie des normes et de la justice, les formes de coordination dans les communautés rurales, les migrations internes et lien social, ainsi que le travail et les nouvelles formes de relations salariales en Chine. Elle a écrit trois ouvrages, tel que Les ruses de la démocratie. Protester en Chine (Paris : Seuil, 2010) et a beaucoup publié d’articles. 
Quant à la seconde auteure, je n’ai trouvé qu’une publication – hormis l’article que je présente – qui est « Des corps qui parlent : Travailler beaucoup travailler dur à dazhai » (2007, sur Cairn).

Citizenship Issues in China’s Internal Migration


Billet 8 par Patrick Forest

Solinger, Dorothy J. «Citizenship Issues in China’s Internal Migration: Comparisons with Germany and Japan», Political Science Quarterly, Vol. 114, No.3 (automne 1999), pp.455-478

Dorothy J Solinger est une spécialiste de la politique interne de la Chine et occupe présentement le poste de codirectrice du département d’études asiatiques à l’université d’Irvine, en Californie. L’article a été publié dans Political Science Quarterly, une revue publiée depuis 1886 qui, comme le titre l’indique, se spécialise dans les sciences politiques. L’article étudié cette semaine consiste en une étude comparative entre la situation des migrants en Japon, en Allemagne et en Chine, avec comme différence fondamentale que les migrants chinois sont Chinois et non-pas des étrangers.

Les trois pays étudiés présentent certaines similarités, notamment sur les difficultés d’obtenir sa citoyenneté.  Les trois pays étaient bien ancrés dans le principe de la citoyenneté de sang, rendant très compliquée l’adhésion des étrangers.  Également, les trois pays ont connu d’importants booms économiques, en partie grâce à l’arrivée des nouveaux travailleurs.

mardi 27 novembre 2012

Lectures pour la semaine prochaine

Jocelyn, Laurence Roulleau-Berger et Shi Lu,  « Migrations internes et accès aux marchés du travail urbains à Shanghai »
Amélie, Isabelle Thireau et Chang Shu, « La parole comme arme de mobilisation politique »
Patrick, Solinger, “Citizenship Issues in China's Internal Migration: Comparisons with Germany and Japan” 
Steven, Lei Guang “Guerilla Workfare:  Migrant Renovators, State Power, and Informal Work in Urban China” 

lundi 26 novembre 2012

Le Barrage des Trois Gorges


Billet de Patrick Forest

Sanjuan, Thierry et Béreau, Rémi. «Le Barrage des Trois Gorges, Entre pouvoir d’État, gigantisme technique et incidences régionales», Hérodote, N.102 (Mars 2011), p.19 à 56.

Thierry Sanjuan est un sinologue titulaire de la chaire d’Asie méridionale et orientale à l’université Paris-1 et le coauteur de l’article, Rémi Béreau, provient de la même université. Dans le présent article, parut dans la revue La Découverte, les auteurs tentent d’analyser le grand projet qu’est le barrage des Trois Gorges d’un point de vu géographique, en le replaçant dans le contexte d’un Parti communiste chinois en perte de vitesse et d’une modernisation rapide de la Chine. Leur questionnement pourrait se poser comme suit : ce grand projet technique est-il le signe d’un régime qui se cherche une nouvelle idéologie ou le signe que le pays est en voie de développement? Le parallèle qui est fait dans l’article entre ce projet et les autres grands symboles chinois, tels la grande muraille et les canaux, est pour le moins intéressant.

Paysans en crise et femmes manquantes


Virginie Leduc – Billet 6
BOCHUAN, He « La crise agraire en Chine. Données et réflexions. », Études rurales
Vol. 179, No. 1 (2007), p. 117 à 132.

&

ATTANÉ, Isabelle « En Chine, des millions de femmes ‘manquantes’ », Outre-terre Vol. 2, No 15 (2006), p. 471-479.

 « La crise agraire en chine. Données et réflexions. » de He Bochuan
He Bochuan est un auteur chinois qui s’intéresse particulièrement au sort des régions rurales de la Chine. L’article proposé est en fait une traduction du chinois (par Sylvie Gentil) commandée par  la revue Études rurales. Dans cet article l’auteur veut exposer la gravité de la crise agraire à laquelle à la Chine est présentement confrontée. Cette crise, sans précédent selon l’auteur, aurait débutée dans les années 90 avec des réformes et des réquisitions de terres  par les gouvernements locaux, qui laisseraient encore la Chine sous le joug de lourdes conséquences. L’auteur affirme qu’environ 5% de la surface des terres arables auraient disparues depuis les années 90.

Les paysans chinois aujourd’hui


Amélia Lecousy Mardi 27 novembre 2012
Billet 7

Chan Guidi et Wu Chuntao, Les paysans chinois aujourd’hui : trois années d’enquête au cœur de la Chine / traduit du chinois par Shenyi Luo. Paris : Bourin éditeur, 2007, chapitre 1 « Le miroir de l’histoire », pp. 19-51.

Chen Guidi est né dans la province de l’Anhui, en 1942. Il est membre de l’Association des écrivains de Chine et a publié plusieurs oeuvres. Un de ses ouvrages les plus connu – et co-écrit également avec Wu Chuntao (sa femme) – est A Survey of the Chinese Peasants, publié en 2004.
Wu Chuntao est née dans une famille paysanne dans la province de Hunan, en 1963. Elle est diplômée du département de chinois de l’université de Nanjing et a écrit de nombreux romans, essais, reportages et scénarios. Elle a également obtenu le prix de la « littérature contemporaine ». Après avoir écrit Les paysans chinois aujourd’hui : trois années d’enquête au cœur de la Chine et dû à ce qu’ils ont dévoilés, Chen Guidi et Wu Chuntao doivent désormais vivre cachés.

Taxation without Representation


Steven Peng-Seng

Bernstein, Thomas P. et Xiabao Lü. « Taxation without Representation: Peasants, the Central and the Local States in Reform China », The China Quarterly, No. 163 (2000), p. 742-763.

L'article présenté ici a été coécrit par Thomas P. Berstein et Lu Xiabao. Berstein est un professeur retraité de science politique à l'université Columbia spécialisé sur la politique comparative, la Chine et le système communiste. Il a écrit sur la collectivisation des terres en URSS et en Chine. Quant à Xiabao, il est un professeur en science politique de l'université Columbia. Ses champs de recherche sont la transition postsocialiste, la corruption, les réformes et les relations entre les entreprises et le gouvernement en Chine. 
Dans cet article, les auteurs tentent de dresser un portrait global de l'imposition des taxes sur les villageois en Chine rurale depuis les années 1980. À travers ce portrait large, ils analysent les impacts et conséquences des taxes sur les villageois, des problèmes que cela engendre et de la manière que le gouvernement chinois réagit pour remédier à ces problèmes. 

Tout d'abord, les auteurs présentent les diverses taxes qu'on impose sur les villageois. Il y a, en Chine, plusieurs taxes et frais pour différentes choses (registre de naissance, licences, etc.). Il y a également des collectes de fonds volontaires, mais la plupart des cadres forcent les villageois à donner à celles-ci. Selon, les auteurs le problème fondamental de ces taxes repose sur le niveau de taxation qui dépasse largement les limites permises selon les politiques établies. Dès lors, beaucoup de cadres locaux ont de la difficulté à percevoir les taxes pouvant mener ceux-ci à user de la violence ou même mener des personnes à se suicider. 
Un problème important dénoté par les auteurs est la disparité des perceptions des taxes entre les différents revenus et régions en Chine. En effet, le caractère régressif des taxes n’est pas proportionnel selon les revenus entre les personnes et les régions. Les gens moins fortunés paient plus de taxes que les gens plus fortunés et les régions plus riches paient moins de taxes que les régions pauvres en Chine. Ensuite, les auteurs se sont attardés à la réaction du gouvernement chinois. Pour celui-ci, il est indéniable d'avoir l'appui de la masse rurale et donc de se mettre de leur côté. Une lourde imposition des taxes pourrait nuire au Parti communiste chinois. Du coup, le gouvernement a établi, entre 1986 et 1996, 25 édits sur les taxes pour tenter de régler le problème. Il persiste tout de même puisqu'il n'existe pas vraiment de coordination entre le centre et les cadres locaux reflétant ainsi que le système administratif a des failles. Par conséquent, cela amène à des manifestations et protestations de la part des paysans. Celles-ci varient, elles peuvent être pacifiques ou violente, individuelle ou collective, spontanée ou organisée. 
Dès lors, depuis les années 1980, il y a eu plusieurs milliers de manifestations paysannes. Ayant peur que cela déstabilise le régime, le PCC a entrepris plusieurs mesures pour arrêter les manifestations, dont l'établissement des élections villageoises. Ces élections ont pour but de mettre fin à la corruption des cadres et  de donner une voix aux paysans. Pour conclure, les auteurs comparent les élections à la ligne de masse de Mao, insistent sur le fait que les protestations persistent toujours et que le gouvernement devrait établir des taxes standardisées.
Pour soutenir leur texte, Bernstein et Xiaobao utilisent diverses données du gouvernement chinois et certaines études externes. Ils utilisent également plusieurs sources secondaires. 
Dans le cadre de notre cours, cet article nous dévoile un aspect important de la relation entre le village et le gouvernement: la perception des taxes et impôts. Il permet de mieux comprendre la réalité des villages, celles des inégalités entre les ménages et les régions et celles des failles des politiques de l'État chinois. Le bilan que dressent les auteurs est alarmant, la lourde imposition des taxes pèse sur la stabilité du monde rural et le PCC a intérêt de maintenir cette stabilité si elle désire rester au pouvoir. Le manque de coordination entre l'État et les cadres locaux démontre clairement une faille dans le système administratif où on peut voir que le gouvernement chinois semble être de moins en moins présent dans le monde rural.



Le peuple de Mao


Billet de Jocelyn Morand-Contant

Frolic, Michael B. “Le peuple de Mao : Scènes de la vie en Chine révolutionnaire », Paris, Témoins Gallimard, 1982, 265 pages.

Michael B. Frolic est professeur émérite au département des sciences politiques à l’Université de York à Toronto. Il est également le directeur du Asian Business and Management Programme.  Il travaille notamment sur les relations internationales entre la Chine et le Canada.
Le Peuple de Mao est un livre composé de 13 petites histoires racontées par des Chinois qui se sont réfugiés à Hong Kong. Frolic a recueilli leur histoire entre 1971, 1974 et 1975. Les  narrateurs ce ces histoires peuvent être soit des hommes ou des femmes, des jeunes ou des moins jeunes, des gens de la ville ou de la campagne et proviennent du sud ou du nord de la Chine. Ces histoires se déroulent entre 1968 et 1974 et ont toutes un lien direct avec la période de la Révolution culturelle. Ces histoires qu’ils nous racontent varient énormément d’une personne à l’autre, mais tous parlent de l’omniprésence de la politique, du clivage entre la campagne et la ville, de la corruption ainsi que de leur expérience personnelle de la Révolution. 

mardi 13 novembre 2012

Lectures pour la semaine du 28 novembre

Amélia, Chen et Wu, Les paysans chinois aujourd'hui
Patrick, Sanjuan, "Le barrage des trois gorges"
Virginie, He, "La crise agraire en Chine" et Attané, "femmes manquantes"
Steven, Bernstein, "Taxation without Representation"

lundi 12 novembre 2012

The Cultural Construction of Emotion


Texte de Patrick Forest

Potter, Sulamith Heins. «The Cultural Construction of Emotion in Rural Chinese Social Life»,  Ethism Vol.16, No.2 (Jun. 1988), p.181-208

Sulamith Heins Potter est une doctorante en anthropologie de l’université Berkeley, où elle était chercheuse associée à l’époque de la rédaction de cet article. D’abord intéressée par l’étude culturelle du nord de la Thaïlande, ce qui mènera à la parution de «Family Life in a Northern Thai village», elle s’est tournée par la suite à l’étude anthropologique des villageois au sein de la République de Chine.  Dans l’article étudié cette semaine, l’auteur tente de cerner la place des sentiments au sein de la société chinoise d’un point de vu anthropologique, notamment en se basant sur quelques observations, entrevues ou encore sur quelques auteurs.

L’auteur utilise, dans un premier temps, une approche comparative afin de nous aider à mieux comprendre la différence qui existe entre notre culture occidentale et la culture rurale en Chine. Alors qu’en Occident les émotions sont omniprésentes dans les relations interpersonnelles, l’auteur avance que les Chinois ont tendance à les mettre de côté, voir à les refouler. La raison serait qu’ils croient que les émotions sont inutiles lorsque vient le temps de créer où des perpétués le tissus social. Ils ont en fait une définition bien différente de ce qui est important chez une personne : plutôt que de chercher les éléments personnels, tels le tempérament ou les goûts, les Chinois vont plutôt s’attarder sur des éléments relatifs à sa place dans la société, avec en tête de liste le travail.

Cultural Revolution Conflict in the Villages


Steven Peng-Seng

Unger, Jonathan. « Cultural Revolution Conflict in the Villages », The China Quarterly, No. 153 (mars 1998). P. 82-106
L’article « Cultural Revolution Conflict in the Villages » a été écrit par Jonathan Unger, professeur de science politique et de sociologie à l’université nationale d’Australie.  Il est un sinologue spécialisé dans le monde rural. Il a  notamment publié deux ouvrages sur les campagnes en Chine : The Transformation of Rural China, publié en 2002 et Chen Village under Mao and Deng, publié en 1992. 

Dans cet article, Unger a pour objectif de nous démontrer les causes et les origines des conflits villageois lors de la Révolution culturelle. Selon lui, ces conflits sont causés par un mélange de plusieurs facteurs internes et externes qui se sont exacerbés et étendus avec la Révolution culturelle. L’auteur reconnait qu’il y a existé des villages qui n’ont eu aucun conflit, soit parce que les communications du Parti communiste chinois n’atteignaient pas ces régions reculées, soit les paysans étaient trop pragmatiques et assez tolérants envers les cadres. Quant aux villages qui ont été affectés par des conflits dus à la révolution culturelle, l’auteur propose qu’il y ait eu 4 sortes de déclencheurs. Le premier type est par l’activisme politique des étudiants du village voulant démontrer leur soutien à l’idéologie du parti. Le deuxième type de déclenchement est que des factions des villes forcent les villages à prendre position dans un conflit. Le troisième type est que des jeunes du  village originaire des villes protestent leur statut d’étranger dans les villages en utilisant la rhétorique du Parti communiste chinois. Enfin, le quatrième type serait déclenché par des anciens cadres qui auraient perdu leur poste lors de la campagne des quatre vieilleries utilisant eux aussi la rhétorique du PCC pour se remettre au pouvoir. 

Six récits de l’école des cadres


Texte d'Amélia Lecousy

Yang Jiang, Six récits de l’école des cadres, Paris, Les Presses de la Simped, 1983.

Elle nait en 1911 et est diplômée en 1932 de l’université Dongwu de Suzhou. En 1933 elle va à l’université Qinghua de Pékin, au département des langues étrangères. C’est là qu’elle fait connaissance de son futur mari, Qian Zhongshu (1910-1988). C’est aussi vers ces dates qu’elle publie ses premiers écrits : la version chinoise d’un article de F. S. Martin, « Le communisme est-il inévitable ? » (1933), et une nouvelle, « Lulu, ne t’en fais pas !, 1935). Après s’être mariés en 1935, son époux et elle partent pour l’Angleterre et fréquentent Oxford. Ils partent ensuite pour Paris en 1937 et reviennent en Chine vers 1938. Le récit lu pour le cours est un mémoire écrit en 1983 sous le nom de «  Six récits de l’école des cadres », dans lequel elle raconte son propre vécu, lorsqu’ils ont été envoyés pour travailler en campagne dans les années 60 et début des années 70, pendant la Révolution culturelle. 

Étant un mémoire, on ne retrouve pas nécessairement une problématique, mais ce que l’on ressent et ce que l’on retient principalement après avoir lu son récit est bien l’humiliation infligée aux intellectuels sous le régime communiste.

The Cultural Revolution in the Countryside


Virginie Leduc – Billet 5

WALDER, Andrew G. and Yang SU, The Cultural Revolution in the Countryside: Scope, Timing and Human Impact: The China Quarterly, No. 173 (Mars 2003), p. 74-99
Yang Su est un professeur de sociologie à l’Université de Californie. Il a terminé son Ph.D à Stanford en 2003. Ses intérêts de recherche portent sur les mouvements sociaux et les actions collectives, qui se rapportent principalement à la Chine. Plus précisément, à travers ces phénomènes, il  y  étudie le rôle de l’état et de la violence politique qui s’en suit. Son intérêt pour la période de Mao l’amène donc à étudier la violence des dirigeants envers le peuple.  

Walder a rejoint la faculté de Stanford à l'automne 1997. Il détient un doctorat en sociologie  de l'Université du Michigan. Avant d’enseigner au département de sociologie de Stanford, il a également enseigné à l'Université Columbia et à Harvard.  Il est actuellement directeur de la division de  International, Comparative and Area Studies au sein de  la Faculté des sciences humaines de Stanford. Walder s’intéresse aux sources de conflit, de stabilité et de changement dans les régimes communistes et de leurs États successeur. Ses recherches actuelles portent sur les changements dans la propriété et le contrôle des grandes sociétés chinoises et l'émergence parallèle d'une nouvelle élite corporative qui resserrent ses liens avec les divers organismes de l’état. Il continue également son étude sur  l'ère de Mao, en mettant l'accent sur la politique de masse de la révolution culturelle de 1966 à 1969. 


mardi 6 novembre 2012

Lectures pour la semaine prochaine


Virginie, Andrew G. Walder and Yang Su, “The Cultural Revolution in the Countryside: Scope, Timing and Human Impact.” 
Jocelyn, Frolic, Le Peuple de Mao 
Amélia, Yang Jiang, Six récits de l'école des cadres
Patrick, Potter, “The Cultural Construction of Emotion in Rural Chinese Social Life.” 
Steven, Unger, "Cultural Revolution conflict in the villages"

lundi 5 novembre 2012

Collectivization and China’s Agricultural Crisis in 1959-1961


Steven Peng-Seng

Yifu Lin, Justin. « Collectivization and China’s Agricultural Crisis in 1959-1961», dans Journal of Political Economy, Vol. 98, No. 6 (1990). p. 1228-1252.

Le texte présenté ici a été écrit par Justin Yifu Lin, un économiste chinois et ex-chef économiste et ex-vice-président de la Banque mondiale. En 1986, Lin obtient un doctorat en économie à l’université de Chicago. Il enseigna l’économie à l’université de Pékin et à l’université de Hong Kong des sciences et technologies. Il fonda en 1994 la China Center for Economic Research. Il publie de nombreux articles sur l’économie en Asie, particulièrement sur la Chine. C’est surtout durant la fin des années 1980 qu’il publie de nombreux articles sur le développement économique rural en Chine alors qu’il travaillait pour l’Institute of Rural Development Research, de 1987 à 1989.
Dans cet article, Justin Yifu Lin tente de défaire trois hypothèses qui expliquent les conséquences du Grand Bond en avant (GBA) en en apportant une nouvelle. Selon l’auteur, ce n’est ni la mauvaise température, ni les mauvaises politiques de la gestion des communes ou la grosseur des collectivités qui ont causé les 30 millions de morts en Chine durant la période du GBA comme l’explique les idées dominantes de l’époque. Il serait plutôt dû au fait que le Parti communiste chinois a supprimé le droit aux gens de se retirer des communes en 1958. L’auteur supporte sa thèse avec la game theory point où la production dépend largement sur un accord d’auto discipline. Il réfute les trois hypothèses de départ puisque selon lui, une fois ces problèmes réglés, la production agricole devrait normalement retourné au niveau initial. Pour lui, puisque la supervision de la production agricole coûtait trop cher, la production agricole dépendait largement de l’autodiscipline des travailleurs. Le manque de supervision a dû faire que certaines personnes évitaient leur responsabilité dans la commune. Par le fait que le droit de se retirer des communes a été enlevé par l’État, les travailleurs n’avaient point de sortie de secours au cas où la commune fonctionnait mal. 
Au final, l’auteur conclut que la famine causée par le GBA est due principalement au fait que l’État chinois a fait une transition d’un mouvement collectif volontaire vers un mouvement collectif imposé et que ce type de transition brutale cause inévitablement une crise agricole. Pour supporter sa thèse, Lin utilise diverses sources premières issues du gouvernement chinois et d’autres articles scientifiques. Il se réfère également à d’autres auteurs qui ont abordé le sujet.  

The Temple of Memories


Billet de Jocelyn Morand-Contant

JING, Jun. The Temple of Memories : History, Power, and Morality in a Chinese Viillage, Standford University Press, 1996, p.1-86.

Jun Jing est un professeur d’anthropologie et est un des directeurs associés du Comprehensive AIDS Research Center à l’université de Tsinghua. Il est également le vice-président de la fédération internationale d’études anthropologiques et ethniques. Entre 1994 et 2001, il a enseigné à l’établissement City University of New York. 
Dans son introduction, Jun Jing explique au lecteur qu’il a choisi d’étudier la mémoire collective de Dachuan, un village situé dans la région de Gansu. Ce village a subi des transferts de population suite à la construction d’un barrage sur la rivière Jaune. Jing est allé à Dachuan à plusieurs reprises entre 1989 et 1995. Il recherche à comprendre quels sont les impacts des transferts sur les groupes et quelles en sont leurs ampleurs. Le groupe auquel il s’intéresse s’appelle les Kong. Ces gens ont un culte ancestral relié à Confucius. Ils ont un temple dédié à des ancêtres descendant directement de Confucius et ils ont une grande collection pour prouver leur généalogie. Les deux thèmes majeurs auxquels Jing veut travailler dans son étude sont la souffrance (individuelle et collective) ainsi que les gestes que les Kong font pour recouvrir des persécutions politiques, des privations économiques et des chocs culturels qu’ils ont subis. 
Dans le deuxième chapitre, Jing parle de l’origine du culte des Kong. Il parle de l’origine des descendants de Confucius et de leurs migrations sur une vingtaine de pages. À la fin de ce chapitre, il dit que les Kong sont arrivés dans la région de Gansu vers 1501. Cette portion du livre n’est pas très intéressante et pertinente pour notre cours. 

dimanche 4 novembre 2012

Repainting China


Virginie Leduc - Billet 4

Chang-Tai Hung, “Repainting China: New Year Prints (Nianhua) and Peasant Resistance in the Early Years of the People's Republic Author.”  Comparative Studies in Society and History, Vol. 42, No. 4 (Oct., 2000), pp. 770-810. 

Chang-Tai Hung est un historien spécialisé dans l’étude de la culture moderne chinoise. Il détient un baccalauréat de philosophie de l’Université Chinoise de Hong-Kong. Il a fait sa maîtrise et son PhD à Harvard en études est-asiatique. Avant d’être professeur à l’Université des Sciences & Technologies de Hong-Kong, il a été enseignant d’histoire de l’Asie à l’Université Carleton au Minnesota.  
Cet article aborde une directive émis aux artistes par le ministère de la Culture, le 26 novembre 1949, moins de deux mois après la Fondation de la République populaire de Chine (RPC). Cette nouvelle directive est à propos de l'importance et de l’utilisation des estampes du nouvel an (nianhua), un médium imprimé très populaire, simple et peu coûteux utilisé pour décorer les maisons à l'occasion du nouvel an. Plus précisément, l’auteur examine cette campagne de propagande des nianhua et de sa mauvaise réception  parmi les masses paysannes dans les années 50. 

« Prendre » pour survivre durant la grande famine de 1958-1961


Amélia Lecousy
Billet 5

XIAOJING Liu, « Prendre » pour survivre durant la grande famine de 1958-1961, Études rurales, 2007/1 no179, p. 79-94.

Pour ce qui est de l’auteur, malheureusement, je n’ai pu trouvé d’information le concernant. Le site de l’E.H.E.S.S (École des Hautes Études en Sciences Sociales) mentionne toutefois Liu Xiaojing (je suppose que c’est la même personne) en disant uniquement qu’il est chercheur à l'Institut du Développement Agraire de l'Académie des Sciences Sociales de Chine.

Liu Xiaojing décrit dans son article les vols auxquels se sont livrés les paysans pendant les trois années de la « grande famine », de 1958-1961. Il désire montrer comment ces vols sont devenus moralement acceptables sous le prétexte que pour la survie, il était acceptable de voler. L’auteur va se baser sur une enquête menée dans le district de Xiangzhong (province du Hunan) et utilisé des sources principales telles que les Annales du district de Xiangzhong, les manuscrits de Mao Zedong depuis la fondation de la République populaire et des témoignages oraux. Il se pose alors la question suivante : « Comment les paysans de Xiangzhong ont-ils […] pu supporter cette folie et cette misère et comment ont-ils réussi à survivre ? » 

The Great Leap Forward: Anatomy of a Central Planning Disaster


Patrick Forest

Wei Li and Dennis Tao Yang, “The Great Leap Forward: Anatomy of a Central Planning Disaster.” Journal of Political Economy, Vol. 113, No. 4 (August 2005), pp. 840-877.

 Wei Li est un doctorant en économie de l’université du Michigan et occupe présentement un poste de professeur associé au sein de la Darden Graduate School of Business à l’université de Virginie.  Le second auteur, Deniss Tao Yang, est un doctorant de l’université de Chicago et est professeur au département d’économie de l’université chinoise de Hong Kong. Avec de tels auteurs et provenant d’une des plus prestigieuses revues d’économie, il n’est pas très surprenant d’être devant un travail relevant de la macro-économie et d’économétrie. Plus précisément, les auteurs tentent de cerner les raisons les plus probables la famine ayant eu lieu pendant le grand bond en avant, notamment en questionnant la thèse officielle, le mauvais climat, ainsi que la thèse voulant que l’interdiction de quitter les villages ait joué pour beaucoup.

mardi 30 octobre 2012

Lectures pour la semaine prochaine


Virginie, Chang-Tai Hung, “Repainting China: New Year Prints (Nianhua) and Peasant Resistance in the Early Years of the People's Republic"
Patrick, Wei Li and Dennis Tao Yang, “The Great Leap Forward: Anatomy of a Central Planning Disaster.” 
Amélia, Liu Xiaojing, « ‘Prendre’ pour survivre durant la grande famine de 1958-1961 ».
Steven, Yifu Lin, “Collectivization and China's Agricultural Crisis in 1959-1961.”
Joceyn, Jing Jun, The Temple of Memories. 

lundi 29 octobre 2012

L’édification du parti-État chinois au village


Steven Peng-Seng

Ngo, Thi Minh-Hoang. « L’édification du parti-État chinois au village : Le cas de la politisation des milices populaires (1937-1949) ». Vingtième Siècle. Revue d’histoire, No.1 (2009). P. 109-122.
Le texte L’édification du parti-État chinois au village : le cas de la politisation des milices populaires (1937-1949) a été écrit par Thi Minh-Hoang Ngo. Celle-ci est historienne et chercheuse en histoire moderne et contemporaine de la Chine. Ngo travaille surtout autour de la thématique du communisme chinois. Ainsi, depuis 2007, elle a publié quelques articles sur divers aspects de la Chine communiste, notamment sur les campagnes et les villages.

L’article de Ngo a pour objectif de montrer que les dirigeants communistes chinois ont monté un État en établissant les institutions du parti à partir d’organisations chinoises de type traditionnel tel que les milices d’autodéfense des villages. Pour ce faire, l’auteure a divisé son texte en quatre parties. La première aborde comment les milices sont formées : à partir de paysans pauvres et de tenanciers agricoles rassemblés par un intellectuel souvent appelé par le Parti communiste chinois. Ces milices portent le nom d’équipe autodéfense et se base sur le modèle des milices des villages traditionnels composés de paysans soldats. Ensuite dans la deuxième partie, Ngo traite de l’intégration de ces milices au sein du parti-État. Ainsi, progressivement, ces équipes d’autodéfense se détachent du noyau local pour graduellement intégrer l’armée régulière. Dans la troisième partie, l’auteur explique le rôle des notables et de l’élite intellectuelle dans les milices. Ceux-ci avaient pour mission de transformer les milices traditionnelles en des unités plus nationales et qu’elles adhèrent à l’idéologie communiste pour défendre la nation face à l’invasion japonaise. Enfin, la dernière partie du texte explique la formation d’une nouvelle élite au sein de ces milices. Comme Ngo le mentionne, les milices s’identifiaient toujours à leur village avant tout, et ce, malgré les tentatives de rééducation. 
Ngo conclut que le principal obstacle à l’implantation du parti-État dans les villages était le fait que les villageois continuaient toujours à s’identifier au village et agissaient toujours pour le bien de leur village et non de la nation. Les campagnes de rectification et de restructuration menées par les notables et intellectuels chinois avaient pour objectif de mettre fin à ce « localisme ». Selon l’auteure, la formation d’une nouvelle élite au sein des milices a permis de donner un sentiment national à ceux-ci. 

Entraide spontanée, entraide provoquée en Chine rurale


Amélia Lecousy
Billet 4

AUBERT Claude, YING Cheng et KICHE Leung. Entraide spontanée, entraide provoquée en Chine rurale : l’intervention communiste (1943-1944). Dans : Annales. Histoire, Sciences Sociales, 37e année, no. 3 (Mai-Juin 1982), pp. 407-433. 

Claude Aubert est ingénieur agronome et sinologue, né en France, en 1936. Il est surtout connu pour ses ouvrages sur l’alimentation. Il est présentement directeur de recherche à l’INRA et est le fondateur de la revue Terre vivante. Cheng Ying est anthropologue originaire de Taiwan et a partagé pendant un an la vie quotidienne des habitants du village de Mancang, pour essayer de comprendre leur mode de sociabilité. Elle travaille à l’EHESS et a publié de nombreux articles et livres sur les villages et paysans, notamment, Les paysans de Mancang : Chronique d’un village taïwanais, en 2000. Enfin, pour ce qui est de Leung (Angela) Kiche, elle est professeur et directrice du département d’histoire de l’Institut de Hong Kong. Elle a publié de nombreux livres en anglais, en français et en chinois. Son champ d’étude se focalise sur la culture médicale dans la Chine du Sud à la fin du 19e siècle, début 20e.

Dans l’Entraide spontanée, entraide provoquée en Chine rurale : l’intervention communiste (1943-1944), les auteurs désirent examiner les traditions communautaires, plus particulièrement, l’entraide agricole spontanée et les coutumes anciennes qui lui sont associées. Ils veulent démontrer qu’avec la tradition, le paysan chinois n’était pas du tout préparé à la venue du collectivisme, innovation du projet communiste. D’une entraide agricole spontanée (les paysans prennent l’initiative par eux même de s’entraider), le communisme emmène ainsi une entraide agricole provoquée (le parti communiste va obliger tous les paysans – qu’ils veuillent ou non – à s’entraider collectivement) dès 1940. Aubert, Ying et Kiche vont arriver à la conclusion que traditionnellement, le paysan échappait à l’emprise du gouvernement dans sa vie de tous les jours (comme nous l’avons vu le cours précédent). Avec l’arrivé des communistes au pouvoir, le gouvernement va s’ingérer dans les affaires paysannes, organisant tout prenant des jeunes paysans dans son armée. Les paysans vont alors essayer de retrouver leur autonomie d’antan. 

Paysans et communistes dans la conquête du pouvoir


Billet de Jocelyn Morand-Contant

BIANCO, Lucien, « Paysans et communistes dans la conquête du pouvoir » dans Jacqueries et révolution dans la Chine du XXe siècle, p.429-455.

Lucien Bianco est un historien et sinologue français. Il se spécialise dans l’histoire de la paysannerie chinoise du XXe siècle. Il a obtenu son agrégation d’histoire en 1968 à la Sorbonne. Il a également travaillé dans plusieurs universités Harvard, Oxford, Hong Kong, etc. Il est maintenant directeur d’études à l’École des hautes études en science sociale (EHESS) et directeur du Centre de recherches et de documentation sur la Chine contemporaine.

Le chapitre du livre de Bianco traite de la période de 1937 à 1945. L’auteur démontre dans ce chapitre que la révolution chinoise n’est pas une révolution paysanne, mais plutôt une révolution des communistes aidés par la paysannerie. Il explique les relations entre les différents acteurs de la révolution : communistes, paysans, force japonaise, propriétaires terriens et intellectuels. L’auteur s’intéresse surtout aux réactions et aux comportements de la paysannerie à cette époque.

dimanche 28 octobre 2012

Peasant Nationalism and Communist Power


Virginie Leduc (Billet 3)

JONHSON, Chalmers A., Peasant Nationalism and Communist Power: The Emergence of the Revolutionary China 1937-1945, Stanford University Press, 1962, 256p.

Chalmers A. Jonhson (1931-2010) était un  auteur et professeur de sciences politiques à l’Université de Californie et à l’Université de San Francisco. Il a de plus, servi dans la guerre de Corée, été consultant pour la CIA de 1967 à 1973, et a présidé le Centre d'études chinoises à l'Université de Californie de 1967 à 1972. Il a également été président et co-fondateur du Japan Policy Research Institute, une organisation qui fait la promotion et l'éducation, pour le grand public, du Japon et de l'Asie. Bien qu’au cours des dix dernières années, Johnson c’est  largement fait connaître pour ses ouvrages très critiques sur l'Empire américain, la majeure partie des ses recherches ont été dévouées aux études de la Chine et du Japon. Son ouvrage : Peasant Nationalism and Communist Power: The Emergence of the Revolutionary China 1937-1945, paru en 1962 est sa première contribution aux études chinoises et elle en en fait sa dissertation de Ph.D.  Pour cette étude, Jonhson a utilisé majoritairement les archives de l’Armée Japonaise (qui sont en grande partie des documents chinois confisqués durant la guerre et traduit en japonais). 

The Yenan Way in revolutionary China


Selden, Mark, The Yenan Way in revolutionary China, Cambridge, Harvard University press, 1971 chapitre 7.
Billet par Patrick Forest

Diplômé d’un PHD en histoire de la Chine moderne, Mark Selden est ce que nous pouvons considérer comme une sommité des questions est asiatique. Coordinateur de The Asia-Pacific Journal : Japan Focus, chercheur au département de l’Asie de l’Est à l’université Cornell  et professeur d’histoire et de sociologie à l’université de Binghamton, l’auteur s’est fait connaître grâce à ces nombreux ouvrages sur la question chinoise, notamment son premier livre : The Yenan Way.  Supporté par une impressionnante bibliographie composée de source à la fois communiste que non communiste, l’auteur tente d’étudier les débuts de la révolution, alors que le Japon frappait aux portes de la Chine. Le chapitre 7 s’attarde en particulier sur l’évolution effectuée dans les villages éloignés des grands centres communistes, affecté par de nouvelles politiques visant à les désenclaver et à les moderniser.

mardi 23 octobre 2012

Lectures pour la semaine prochaine



Patrick, Mark Selden, The Yenan way in Revolutionary China.
Amélia, "Entreaide spontanée, entreaide provoquée en Chine rurale: I'intervention communiste (1943-1944)»
Jocelyn, Bianco, "Paysans et communistes dans la conquête du pouvoir"
Virginie, Chalmers A. Johnson, Nationalisme paysan et pouvoir communiste : les débuts de la réolution chinoise (1937-1945)". 
Steven, Ngo, "L'édification du Parti-État chinois au village:  Le cas de la politisation des milices populaires (1937-1949) »

lundi 22 octobre 2012

Chinese Peasants and the Closed Community


Billet de Jocelyn Morand-Contant

Skinner G. William, « Chinese Peasants and the Closed Community: An Open and Shut Case », Comparative Studies in Society and History, Vol. 13, No. 3 (Jul. 1971), p.270-281.
G. William Skinner est un anthropologue et était également professeur à l’Université Cornell en anthropologie et en études asiatiques. Il a fait ses études à Cornell et a terminé son doctorat en anthropologie en 1954. Ses études sur la Chine ont une approche régionale et il utilise beaucoup les cartes qu’il considère comme données-clés en ethnographie. Il est décédé depuis 2008.

Dans cet article, Skinner explique au lecteur pourquoi et comment les communautés rurales chinoises deviennent fermées ou ouvertes au reste de la Chine. Il explique les différentes phases d’un modèle qu’il a conçu et en arrive à plusieurs conclusions.

Le Destin de la Religion Chinoise au 20e Siècle


Amelia Lecousy
Billet 3

GOOSSAERT Vincent, « Le Destin de la Religion Chinoise au 20e Siècle », Social Compass, 50(4), 2003, 429-440.

Vincent Goossaert est historien et directeur de recherches. Il a été professeur invité à l’Université de Genève et à la Chinese University of Hong Kong. Il travaille sur l’histoire sociale de la religion chinoise moderne, et s’intéresse surtout au taoïsme, aux politiques religieuses, et aux rapports entre animaux, alimentation et religion. Il dirige actuellement un projet international intitulé Temples, Urban Society and Taoists. Par ailleurs, ses principales publications sont Dans les Temples de la Chine : Rites populaires et religion savante (2000), Anticléricalisme en Chine (2002),  Special issue : Mapping Charisma in Chinese Religion (2008) et The Religious Question in Modern China (2011).

Ce que Goossaert désire démontrer dans son article, c’est que la religion chinoise a subit une massive destruction. Cette destruction n’est pas une nouveauté apportée par les communistes, mais des changements sociaux et politiques survenus tout au long du 20e siècle. De plus, l’auteur blâme le silence des historiens et des sciences de religions à ce sujet. Goossaert monte son argumentation à partir de sources primaires, comme les écrits de jeunesse de Hu Shi, mais également avec des sources secondaires, en incluant ses propres publications au sujet de la gestion des temples chinois, du bouddhisme, de l’anticléricalisme en Chine, ainsi que de la vie des communautés chinoises. Il utilise, par ailleurs, des statistiques pour appuyer ses arguments – notamment pour démontrer le nombre de temples détruits. Vincent Goossaert va aussi critiquer vivement les intellectuels chinois d’aujourd’hui. Il soutient que ces derniers sont toujours contre les superstitions et l’ancienne religion chinoise et que les sciences des religions exclue encore aujourd’hui la religion chinoise du champ d’étude. Par ailleurs, il explique que les historiens ont été silencieux à propos de la question religieuse, car certains avaient des convictions antireligieuses, mais aussi parce qu’ils étaient face à la difficulté de la censure – le sujet étant sensible sous les régimes de la Chine nationale et la Chine populaire. Enfin, l’auteur apporte comme conclusion que le 20e siècle chinois est un siècle de destruction de la « religion chinoise », mais aussi de réinvention (on réinvente la définition de religion chinoise).

The Late Qing Religious Landscape


Steven Peng-Seng

Goossaert, Vincent et Palmer, David A.. « The Late Qing Religious Landscape »,  dans The Religious Question in Modern China. The University of Chicago Press Chicago & London,  2011. p. 19-41.
Le texte « The Late Qing Religious Landscape » est le premier chapitre du livre The Religious Question in Modern China écrit par Vincent Goossaert et David A. Palmer. Vincent Goossaert est un historien spécialiste de la religion chinoise moderne et est actuellement directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Il possède un doctorat en sciences religieuses de l’École pratique des hautes études et a publié de nombreux articles traitant de divers aspects de la religion chinoise. Quant à David A.Palmer, il est un anthropologue spécialiste de la culture traditionnelle dans la Chine moderne et de la religion chinoise. Il obtient son doctorat à l’École pratique des Hautes Études en 2002 et a notamment publié le livre Qigong Fever : Body, Science and Utopia in China en 2007. 

Le premier chapitre du livre tente d'illustrer une vue générale de la religion chinoise en Chine vers la fin de la dynastie Qing à travers les différents acteurs importants qui la compose. Goossaert et Palmer considèrent la religion chinoise comme un écosystème dynamique privilégiant la structure sur le changement. Ils la considèrent également comme  étant un système cohérent encadré par les trois grandes religions de la Chine, le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme. Dès lors, la religion chinoise est un système pluraliste où l'État chinois, à travers l'empereur, contrôle une partie assez importante du domaine religieux en Chine, entre ce qui est considéré comme étant orthodoxe et ce qui est hétérodoxe. Il existe donc une sorte d'équilibre dans la sphère religieuse chinoise régularisée par l'État chinois. Cependant, les confucéens fondamentalistes font preuve d'un anticléricalisme envers la religion chinoise, remettant en cause l'ordre des choses. De plus, l'arrivée des Occidentaux avec le christianisme déséquilibre également l'équilibre du système religieux chinois. Les auteurs concluent que vers la fin du 20e siècle le tissu religieux en Chine se voit progressivement déchiré par plusieurs facteurs.

dimanche 21 octobre 2012

Face and Favor: The Chinese Power Game


Kwang-kuo Hwang, «Face and Favor: The Chinese Power Game», The American Journal of Sociology, Vol. 92, No.4, ( Janvier 1987), pp.944-974

Billet par Patrick Forest
Président de l’Asian Association of Social Psychology de 2003 à 2005, Kwang-kuo Hwang  est un doctorant de l’université d’Hawaii en psychologie sociale et est présentement professeur à l’université nationale de Taiwan. Tout comme la majorité de ses parutions, l’article étudié cette semaine touche sur la psychologie chinoise et, plus précisément, sur les relations interpersonnelles.  Ici, le focus de l’auteur ce fait sur le renqing, une sorte de règle égalitaire non dîtes au sein des relations interpersonnelles chinoises.  Lors de sa recherche, l’auteur a utilisé une riche bibliographie ainsi que de nombreuses expériences comparatives entre des groupes d’origines chinoises et des groupes d’origines américaines.

Pour comprendre ce qu’est le renqing, l’auteur tente de compartimenter les relations en trois groupes. Le premier, surnommé «Expressive Tie», englobe les relations très proches et généralement familiales.  Le second groupe, «Intrumental Tie», regroupe les relations qui ne se reproduiront que rarement, tel le conducteur d’autobus et son client. Ces deux premiers groupes ne seront que rapidement évoqués, la règle du renqing ne s’y appliquant normalement pas. Il sera surtout question du troisième et dernier groupe, «The Mixed Tie». Ce groupe est celui des relations entre deux individus ayant de fortes chances de se rencontrer à l’avenir, tels des collègues de travail ou des camarades de classe. 

Enquête sociologique sur la Chine (2)


Virginie LEDUC (Billet 2)

Linshan Hua, Isabelle Thireau, Enquête sociologique sur la Chine, 1911-1949. Paris : PUF, 1996. 315 p.
Hua Linshan et Isabelle Thireau sont tous deux chercheurs au Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine. Leur ouvrage Enquête sociologique sur la Chine, est l’une des premières et nombreuses collaborations qu’ils ont réalisées ensemble. Linshan est un historien et Thireau est une sociologue. Rappelons que dans cet ouvrage, les auteurs cet ouvrage est né du projet de comprendre ce que le lien social tel qu’il s’élabore aujourd’hui dans le monde rural chinois, doit à l’héritage de périodes très contrastées de ce siècle. Enquête sociologique sur la Chine est une étude monographique qui analyse le lien social tel qu’il était vécu dans une localité du sud de la Chine entre 1911 et 1949. 
Chapitre VII : Du père au frère aîné : l’évolution des responsables locaux.
  Dans ce chapitre, les auteurs nous informent sur les fuxiong, ces hommes qui peuvent prendre paroles dans les affaires locales, sortes d’êtres moraux qui permettent de régler les affaires internes. L’appelation fuxiong ne décrit ni un titre ni un grade, mais seulement le type de relation instauré entre les membres du groupe et un individu. Ils sont simplement ceux qui interviennent souvent dans les affaires locales et dont les paroles sont écoutées. 

mardi 16 octobre 2012

Lectures pour la semaine prochaine

Patrick, K.K. Huang, "Face and Favor"
Jocelyn, Skinner, "Marketing and Social Structure, Part III"
Virginie, Hua et Thireau
Steven, Goossaert et Palmer, Religious Question, ch. 1
Amélia, Goossaert, "Destin de la religion chinoise"

lundi 15 octobre 2012

Enquête sociologique sur la Chine, 1911-1949


Virginie LEDUC (Billet 1)

Linshan Hua, Isabelle Thireau, Enquête sociologique sur la Chine, 1911-1949. Paris : PUF, 1996. 315 p.

Hua Linshan et Isabelle Thireau sont tous deux chercheurs au Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine. Leur ouvrage Enquête sociologique sur la Chine, est l’une des premières et nombreuses collaborations qu’ils ont réalisées ensemble. Linshan est un historien et Thireau est une sociologue. 
Comme les auteurs l’indiquent dans leur introduction, cet ouvrage est né du projet de comprendre ce que le lien social tel qu’il s’élabore aujourd’hui dans le monde rural chinois, doit à l’héritage de périodes très contrastées de ce siècle. Enquête sociologique sur la Chine est une étude monographique qui analyse le lien social tel qu’il était vécu dans une localité du sud de la Chine entre 1911 et 1949. Le choix de la localité, celle de la région de Conglou dans le district de Taishan de la province de Guangdong, c’est fait un peu naturellement puisqu’il s’agit en fait la localité d’origine de l’un des auteurs (Hua Linshan).  Le but de cet ouvrage, était, pour les auteurs, de procéder à l’analyse d’une seule et même localité avant et après 1949 (cet ouvrage, qui aborde les années 1911 à 1949, est en fait la première partie d’un projet qui s’étendrait bien au-delà de 1949). La localité étudiée est caractérisée par l’importance des rapports lignagères et des groupes localisés, organisés selon le principe de descendance patrilinéaire. Ce livre porte donc sur le lignage de Mai de Conglou, lequel rassemble les habitants de onze villages. Pour arriver à leur fin, les auteurs, en plus d’utiliser des documents écrits, tels les archives locales ou généalogiques concernant la période avant 1949, ont eu recours à des entretiens avec 65 personnes (d’une durée de trois à soixante heures selon les personnes). Ces entretiens ont débutés en 1985 et se sont achevés en 1992. Les personnes entretenues pour le but de cet ouvrage sont soit des émigrants ayant vécus à Conglou, ou des Chinois qui y résident encore.

Conflits villageois dans la Chine du XXe siècle


Steven Peng-Seng 

Bianco, Lucien. « Conflits villageois dans la Chine du XXe siècle ». Études rurales, numéro 157-158 (2001). p.43-63. 

L'article « Conflits villageois dans la Chine du XXe siècle », publié dans la revue Études rurales, a été écrit par Lucien Bianco, un historien et sinologue français. Il est spécialisé dans l'histoire paysanne chinoise du 20e siècle. Il a entrepris des études à l'École nationale des langues orientales. En 1968, il est diplômé en histoire et a fait un mémoire sur l'histoire de la Thaïlande. Il est présentement directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique et est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales retraité. Il a écrit de nombreux articles et quelques livres sur l'histoire chinoise. Son livre, publié en 1968, Les origines de la révolution chinoise 1915-1949 fut très important dans les études chinoises en France. Plus tard,  en 2003, il publia Peasants Without the Party : Grass-Roots Movements in Twentieth-Century China qui gagna le prix Levenson.  

Marketing and Social Structure in Rural China : Part II


Billet de Jocelyn Morand-Contant

Skinner G. William, « Marketing and Social Structure in Rural China : Part II », The Journal of Asisan Studies, Vol. 24, No. 2 (Feb. 1965), p.195.-228.

G. William Skinner est un anthropologue et était également professeur à l’Université Cornell en anthropologie et en études asiatiques. Il a fait ses études à Cornell et a terminé son doctorat en anthropologie en 1954. Ses études sur la Chine ont une approche régionale et il utilise beaucoup les cartes qu’il considère comme données-clés en ethnographie. Il est décédé depuis 2008.

Dans cette deuxième partie de l’analyse des marchés en Chine rurale, Skinner décrit au lecteur l’évolution que subit la Chine rurale entre les années 1900 et 1950. Il explique tout d’abord que la configuration des villages n’est pas la même entre les régions côtières/planes et les régions montagneuses/collinaires. Les premières régions ont des villages plus populeux et plus grand que ceux en montagnes. Cela fait en sorte que les nouveaux villages en régions côtières/planes ont plus de difficulté à se tailler une place que les villages en région montagneuse/collinaire qui ont eux de grands espaces pour croître. Skinner dit qu’il y a un lien de corrélation entre la grandeur des villages ainsi que la productivité agricole. Plus la région a de grands villages, plus sa productivité agricole est grande.

dimanche 14 octobre 2012

The House of Lim


Amelia Lecousy
Billet 2

Margery Wolf, The House of Lim; A study of a Chinese Farm Family


WOLF Margery, The House of Lim; A study od a Chinese Farm Family, New York : Appleton-Century-Crofts, 1968, pp.99-114 (chapitre 8, Tan A-Hong : An adopted daughter).

Margery Wolf est la femme d’un anthropologue américain connu sous le nom d’Arthur Wolf. Ils ont vécu plusieurs mois au sein d’une famille chinoise dans un village à l’extérieure de la ville de Taibei (à Taiwan), vers la fin des années 1950 ou le début des années 1960. Le livre qu’elle a écrit – et le texte que nous lisons présentement – a été rédigé à la suite de son expérience dans le village.
Margery met l’emphase particulièrement sur la prostitution – surtout chez les filles « adoptées » – et essaye de montrer et comprendre les relations entre une mère et sa fille. Margery Wolf arrive à une conclusion assez pessimiste sur la vie de Chun-ieng qui accepte finalement la profession de sa mère (prostitution) en se détournant de son rêve de vivre une vie « normale », c’est-à-dire, une vie de famille avec un mari et des enfants légitimes.

La Vie des paysans chinois


Patrick Forest

Arthur H. Smith,  La Vie des paysans chinois. Traduction par B.Mayra et le Lt-Cl de Fonlongue, Paris, Libraire Payot, 1930, chapitre 1 à 3.

 La vie des paysans chinois est un livre publié originalement en anglais, en 1899, et écrit par Arthur Smith, un missionnaire présent en Chine de 1872 jusqu’à la moitié des années 1920. Ses trois livres portant sur la Chine, Village Life in china; a Study in Sociology, China in Convulsion et Chinese Characteristics, on fait de lui le missionnaire le plus connu aux États-Unis.  Il sera d’ailleurs au cœur de l’action lors de la révolte de boxers, étant parmi les assiégés à Pékin.

Dans La vie des paysans chinois, l’auteur tente de dresser le portrait de la vie rurale en Chine, chaque chapitre s’attardant sur un aspect. Le chapitre 1 s’attarde sur l’aspect global du village et de sa place en Chine. Pour ce faire, il tente d’estimer la population rurale via les données fragmentaires dont il dispose.  Cette étude démographique rencontre un problème notable : le manque d’intérêt des Chinois pour les questions de statistique. Il va tout de même citer deux études, une donnant environ 531 personnes par mille carrés et l’autre donnant 2 129 personnes par mille carrés à l’extérieur des villes.

Marketing and Social Structure in Rural China


Billet de Jocelyn Morand-Contant

Skinner G. William, « Marketing and Social Structure in Rural China : Part I », The Journal of Asisan Studies, Vol. 24, No. 1 (Nov. 1964), p.3.-43.

G. William Skinner est un anthropologue et était également professeur à l’Université Cornell en anthropologie et en études asiatiques. Il a fait ses études à Cornell et a terminé son doctorat en anthropologie en 1954. Ses études sur la Chine ont une approche régionale et il utilise beaucoup les cartes qu’il considère comme données-clés en ethnographie. Il est décédé depuis 2008.
Cette partie du livre de Skinner nous décrit comment fonctionne le système des marchés en Chine rurale. Aussi, il nous explique en quoi ce système économique sert également de structure sociale pour les communautés paysannes. 

Dans le début de sa première partie, Skinner nous explique les différentes terminologies qu’il a choisies pour définir l’importance des marchés en Chine. On peut diviser les différents marchés en 6 catégories. Il les place en ordre croissant comme suit : marché mineur, marché standard, marché intermédiaire, marché central, cité locale et cité régionale. Skinner fait également un lien de corrélation entre la grosseur d’un marché et son statut administratif. Plus le marché est important, plus il y aura de chance qu’il tombe sous l’administration impériale. Cette tendance est tout à fait logique, car, plus un marché est grand, plus les taxes perçues sur le commerce le sont aussi. Les petits marchés (mineur et standard) sont exclusivement contrôlés par des organisations locales. 

mardi 9 octobre 2012

Lecture pour la semaine prochaine

Steven, Bianco, « Conflits villageois dans la Chine du XXe siècle »
Amélia, Margery Wolf, The House of Lim 
Jocelyn, Huang, Philip C. C., The Peasant Economy and Social Change in North China.
Patrick, Arthur Smith
Virginie, Linshan Hua, Isabelle Thireau, Enquête sociologique sur la Chine, 1911-1949.

lundi 8 octobre 2012

Lu Xun


Patrick Forest
Lu Xun, "La vraie histoire d'Ah Q" (1921), "Mon village natal" (1921), "Le journal d'un fou" (1918), "Kong Yiji" (1919).

Lu Xun est un des piliers de la littérature moderne chinoise.  Né à la fin du 19e siècle sous le nom de Zhou Shuren, il écrira un nombre important de nouvelles et deviendra une des figures emblématiques de la gauche, que ce soit chez le mouvement du 4 mai ou encore chez le Parti communiste chinois. Il ne rejoindra cependant jamais ce dernier bien qu’étant un sympathisant. Les quatre nouvelles étudiées ici furent réunies en 1923 dans le recueil intitulé Na Han, un précurseur de la littérature en vernaculaire.

"Le journal d’un fou" nous raconte l’histoire d’un frère cadet atteint d’une sévère crise de paranoïa. L’originalité de ce récit est que l’auteur se met du point de vue du délirant, nous emmenant sur une histoire de cannibalisme communautaire. Il est suivi de "Kong Yiji," un récit racontant l’histoire d’un lettré ayant échoué aux examens. Délaissé, considéré comme une anomalie au sein du village, il finira au ban de sa communauté.  On pourrait voir ici une critique de la part de Lu Xun au sujet des examens, puisqu’un lettré devient en quelque sorte condamné à les réussir s’ils veulent se trouver un travail. Mon village natal montre le retour dans son village natal d’un fonctionnaire habitant désormais en ville. Outre les préjugés normaux voulant que d’habiter en ville implique d’être riche, on y découvre qu’une «épaisse muraille» sépare les différentes classes sociales en Chine. Alors que Jouen-tou et le narrateur avaient été de grands amis pendant l’enfance, ils ne purent recréer ces liens. Finalement, "La vraie histoire d'Ah Q" peint le portrait d’un personnage fictif, Ah Q. Simple paysan illettré et sans emploi d’une petite ville de campagne, il va être utilisé comme tête de Turc par les révolutionnaires, voulant mettre fin à la hausse des vols.


Pearl Buck. La terre chinoise


Steven Peng-Seng

Pearl Buck. La terre chinoise. pp.1-58. Édition américaine originale, 1931. Traduction française de Théo Varlet ; préface de G. Lepage. Paris : Payot, 1949.

La terre chinoise  (The Good Earth, titre original) est un roman de l'auteure américaine, Pearl Buck. Il fut publié originalement aux États-Unis en 1931 et gagna plusieurs prix littéraires. Son roman a également contribué à la création d’une image positive des Chinois chez les Américains.  

Pearl Buck est issu d’une famille de missionnaires qui s’était installée en Chine lorsque celle-ci n’avait que trois ans. Ainsi, Buck a passé une bonne partie de sa vie en Chine et parlait couramment l’anglais et le chinois. En 1924, elle obtient une maîtrise à l’université de Cornell et elle enseigna à l’université de Nanjing et à l’université Nationale centrale entre 1920 et 1933. Elle partit définitivement de la Chine en 1934 à cause de la guerre civile. 

Village natal, Lu Xun


Amélia LECOUSY
           
Billet 1 : "Village natal," Lu Xun

De son vrai nom, Zhou Shuren, Lu Xun est né le 25 décembre 1881 à Shaoxing et est mort le 19 octobre 1936 à Shanghai. C’est un écrivain chinois, connu comme l’un des fondateurs de la littérature chinoise contemporaine. Village natal est une nouvelle écrite en janvier 1921 et publiée dans son livre Errances, un recueil regroupant onze nouvelles. La nouvelle peut être trouvée dans l’édition établie par Sebastien VEG, Paris, Editions Rue d’Ulm, 2004, 352 pages.

Par cette nouvelle, ainsi que les autres regroupées dans son recueil Errances, il s’interroge sur la modernité de la Chine et les changements que celle-ci pourrait apporter. Par ailleurs, il désire, au moyen de la littérature, changer le peuple chinois. En effet, il fait partie des jeunes étudiants qui clament le rejet de la tradition chinoise pour une occidentalisation de la société chinoise. Ainsi, dans son récit, "Village natal," il apporte trois constats principaux : Il montre la persistance encore de la culture populaire chez les paysans et de l’état de pauvreté dans lequel ils vivent (que ce soit par la famine, les impôts élevés, les soldats, bandits, fonctionnaires et propriétaires terriens). Ensuite, il constate que les villes et campagnes n’ont pas évolué, ne se sont pas modernisées. Enfin, il est bouleversé par la marquante division des classes sociales. On voit chez l’auteur, de ce fait, un désire de réformer les mœurs.