lundi 26 novembre 2012

Les paysans chinois aujourd’hui


Amélia Lecousy Mardi 27 novembre 2012
Billet 7

Chan Guidi et Wu Chuntao, Les paysans chinois aujourd’hui : trois années d’enquête au cœur de la Chine / traduit du chinois par Shenyi Luo. Paris : Bourin éditeur, 2007, chapitre 1 « Le miroir de l’histoire », pp. 19-51.

Chen Guidi est né dans la province de l’Anhui, en 1942. Il est membre de l’Association des écrivains de Chine et a publié plusieurs oeuvres. Un de ses ouvrages les plus connu – et co-écrit également avec Wu Chuntao (sa femme) – est A Survey of the Chinese Peasants, publié en 2004.
Wu Chuntao est née dans une famille paysanne dans la province de Hunan, en 1963. Elle est diplômée du département de chinois de l’université de Nanjing et a écrit de nombreux romans, essais, reportages et scénarios. Elle a également obtenu le prix de la « littérature contemporaine ». Après avoir écrit Les paysans chinois aujourd’hui : trois années d’enquête au cœur de la Chine et dû à ce qu’ils ont dévoilés, Chen Guidi et Wu Chuntao doivent désormais vivre cachés.



En 2000-2001, ils ont parcouru les 61 districts de l’Anhui, province rurale à l’ouest de Shanghai, pour pouvoir mener leur enquête. Pour appuyer leurs propos, Chen Guidi et Wu Chuntao vont se baser sur des récits très documentés qui citent les noms des responsables, ils vont parcourir les annales historiques, l’encyclopédie de Guangzi (au temps des Qin), un ouvrage de Mao, ainsi que quelques articles récents.
Dans le livre – et particulièrement au chapitre 1 – les auteurs vont condamner les taxes et impôts colossales imposés aux paysans. Ils critiquent également les cadres qu’ils traitent de corrompus, volant, frappant et tuant les paysans qui leur résistent. Ils blâment aussi la bureaucratie fédérale qu’ils considèrent comme impuissante à faire appliquer ses réformes fiscales. Dans le premier chapitre, chapitre que j’ai choisi de résumer, ils vont parcourir l’oppression des paysans depuis la fin de la dynastie des Qin, en 206 av. J.C., jusqu’à nos jours pour montrer que tous les soulèvements des paysans sont liés à l’exploitation des paysans et à la question des impôts excessifs. Sous la domination nationaliste des années 1930, le Guomindang voulait au départ alléger les impôts et annuler certaines charges envers les paysans. Toutefois, avec l’accroissement des dépenses militaires, de la dette et de la corruption publique, le Guomindang n’a rien fait. Lors de la victoire de Mao Zedong, 1949, les despotes locaux ont pris le pouvoir dans les campagnes en ajoutant des taxes aux paysans pour s’enrichir. Le gouvernement de Mao a concentré ses efforts dans la zone urbaine, c’est-à-dire, sur la lutte contre le chômage et sur le besoin de l’industrialisation, en négligeant de s’occuper des finances locales et l’amélioration des provinces et en augmentant les impôts des paysans. En 1952, Mao essaya de baisser l’imposition faite aux paysans et de régler la corruption des gouvernements locaux. Avec la guerre de Corée, l’embargo économique des Etats-Unis et des pays occidentaux, la Chine a dû concentrer tous ces efforts dans le développement de l’industrie. Ainsi, pendant 30 années, des charges considérables ont été imposé aux paysans. La collectivisation de la campagne – comme nous l’avons vu au cours dernier – va faire en sorte que l’État va pouvoir s’approprier facilement les ressources, en contrôlant la production. Durant le Grand Bond en avant, la production agricole diminua de beaucoup, alors que le prélèvement imposé augmenta. Cela est dû notamment par le fait que les communes populaires embellissaient le chiffre de leur récolte. Par exemple, un petit canton prétendait que leur récolte atteignait plus de 400 millions de livres, le double de la réalité. Les auteurs comptent de nombreux morts durant le Grand Bon en avant. Quant à la Révolution culturelle, les paysans se sont gravement endettés. Ce n’est qu’avec les réformes de Deng Xiaoping, surtout à partir de 1978, que le sort des paysans s’améliore, notamment, par le fait que les paysans pouvaient gérer eux-mêmes leur travail. De 1978 à 1984, les paysans étaient toujours privés du droit de gérer leurs produits sur le marché. Cependant, avec la réforme urbaine de 1984, les paysans ont été assujettis par les impôts. Alors que les villes urbaines embellissaient et que les citadins payaient 37 yuans par an d’impôts entre 1990-2000, les campagnes s’appauvrissaient et les paysans devaient payer 146 yuans par an. Enfin les auteurs finissent leur chapitre par condamner les cadres qui extorquaient l’argent des paysans, ce qui entraina un révolte et résistance à l’oppression et la répression. 
On comprend pourquoi Chen Guidi et Wu Chuntao ont été contraints de se cacher après leur œuvre. Ils accusent le gouvernement d’être toujours faible face à la corruption et de refaire les même erreurs que par le passé en surtaxant les paysans. Je ne pense pas qu’il faut regarder d’un œil sceptique les accusations des auteurs, ils appuient toujours bien leurs propos. 

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