lundi 22 octobre 2012

Le Destin de la Religion Chinoise au 20e Siècle


Amelia Lecousy
Billet 3

GOOSSAERT Vincent, « Le Destin de la Religion Chinoise au 20e Siècle », Social Compass, 50(4), 2003, 429-440.

Vincent Goossaert est historien et directeur de recherches. Il a été professeur invité à l’Université de Genève et à la Chinese University of Hong Kong. Il travaille sur l’histoire sociale de la religion chinoise moderne, et s’intéresse surtout au taoïsme, aux politiques religieuses, et aux rapports entre animaux, alimentation et religion. Il dirige actuellement un projet international intitulé Temples, Urban Society and Taoists. Par ailleurs, ses principales publications sont Dans les Temples de la Chine : Rites populaires et religion savante (2000), Anticléricalisme en Chine (2002),  Special issue : Mapping Charisma in Chinese Religion (2008) et The Religious Question in Modern China (2011).

Ce que Goossaert désire démontrer dans son article, c’est que la religion chinoise a subit une massive destruction. Cette destruction n’est pas une nouveauté apportée par les communistes, mais des changements sociaux et politiques survenus tout au long du 20e siècle. De plus, l’auteur blâme le silence des historiens et des sciences de religions à ce sujet. Goossaert monte son argumentation à partir de sources primaires, comme les écrits de jeunesse de Hu Shi, mais également avec des sources secondaires, en incluant ses propres publications au sujet de la gestion des temples chinois, du bouddhisme, de l’anticléricalisme en Chine, ainsi que de la vie des communautés chinoises. Il utilise, par ailleurs, des statistiques pour appuyer ses arguments – notamment pour démontrer le nombre de temples détruits. Vincent Goossaert va aussi critiquer vivement les intellectuels chinois d’aujourd’hui. Il soutient que ces derniers sont toujours contre les superstitions et l’ancienne religion chinoise et que les sciences des religions exclue encore aujourd’hui la religion chinoise du champ d’étude. Par ailleurs, il explique que les historiens ont été silencieux à propos de la question religieuse, car certains avaient des convictions antireligieuses, mais aussi parce qu’ils étaient face à la difficulté de la censure – le sujet étant sensible sous les régimes de la Chine nationale et la Chine populaire. Enfin, l’auteur apporte comme conclusion que le 20e siècle chinois est un siècle de destruction de la « religion chinoise », mais aussi de réinvention (on réinvente la définition de religion chinoise).

Ainsi, Goossaert essaye d’expliquer dans son article que la Chine comptait vers 1900 près d’un million de temples et qu’à présent il n’en reste plus que quelques milliers (la majorité étant détruit, plusieurs ont été également transformés en musées, en usines, entrepôts ou logements). Il veut également faire comprendre à ses lecteurs que le terme « religion » n’existait pas en chinois avant 1901. En fait, aucun terme n’équivalait à la religion en chinois classique, puisque le fait religieux fut une partie intégrale de la vie de tous les jours. Par ailleurs, la religion chinoise s’avère complexe, car elle comprend l’ensemble des formes de pratique religieuse individuelle et collective, la religion sacrificielle antique, le confucianisme, le taoïsme, le bouddhisme, ainsi que les mouvements sectaires modernes. Pour ce qui est de l’histoire de la destruction des temples, il conclut qu’au début du 20e siècle, les institutions politiques confisquaient pour construire des infrastructures modernes telles que des écoles, postes de polices, ou casernes. Alors que la « nouvelle génération » (le Parti nationaliste et la génération des chinois du Mouvement du 4 Mai – influence des Occidentaux) était beaucoup plus radicale détruisant les lieux religieux et interdisant de nombreux métiers tels que la divinations et l’astrologie. Enfin, il note que le processus de confiscation des temples et des biens, et d’interdictions des cultes, n’est pas un phénomène continu, mais est lié à une personnalité (politicien) activiste. 

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