lundi 3 décembre 2012

Guerrilla Workfare


Steven Peng-Seng

Guang, Lei. "Guerrilla Workfare: Migrant Renovators, State Power, and Informal Work in Urban China", Politics Society, Vol. 33, No. 481. p. 481-506.

Lei Guang est un professeur de science politique spécialisé dans ce qui entoure les paysans, les migrants et les travailleurs des pays développés tels que la Chine et l'Inde. Il travaille actuellement sur les relations entre l'État local et les conflits sociaux en Chine et en Inde.

Dans cet article, Lei Guang aborde un type particulier de travailleurs migrants en Chine: les rénovateurs de résidence provenant du monde rural. Il a pour but de comprendre leur point de vue sur le travail, leurs relations entre eux et leurs relations avec l'État chinois en effectuant une étude de type ethnographique depuis les années 1990. Ainsi, l'auteur concentre son étude sur un groupe de rénovateurs du comté de Laomei travaillant à Beijing.  Le second objectif de ce texte est de défaire l'ordre institutionnel socialiste et ses relations avec la main d'œuvre chinoise qu'aurait créée la réforme économique des années 1980. La croissance de ce type de main d'œuvre est parallèle aux développements rapides de l’immobilier urbain suite aux réformes des années 1980. 

Tout d'abord, dans la première partie du texte, Lei Guang qualifie les rénovateurs comme étant une main d'œuvre de type guérilla. En effet, contrairement à un emploi dans une entreprise, la rénovation à domicile en Chine est un secteur largement délaissé par les entreprises et les travailleurs urbains. Du coup, certains travailleurs migrants ont commencé à se spécialiser dans ce domaine au point de dominer le marché. Les projets de rénovation ne durent pas plus de deux mois et se font par petites équipes. Dès lors, ces travailleurs doivent constamment se déplacer et changer de collègues de travail. 
Dans la seconde partie du texte, l'auteur aborde le mode d’organisation et les réseaux de contacts de ces travailleurs. Contrairement aux travailleurs migrants qui utilisent leurs liens de parenté pour obtenir du travail ou pour former un groupe de travail, ceux du domaine de la rénovation préfèrent former un groupe de personnes provenant de différentes localités afin d'éviter les conflits. En effet, le travail exige la formation d'équipes de travail temporaire et également force les gens à faire équipe avec les "meilleurs" travaillant. Dès lors, il n'est pas toujours pragmatique de favoriser les liens de parenté pour former des équipes. 
Dans la troisième partie du texte, l'auteur traite de la relation entre les rénovateurs et l'État chinois. Ces travailleurs de type guérilla, par leur statut souvent illégal en ville, se voient souvent réprimandés par l'État chinois. Le secteur du travail informel échappe des mains du gouvernement chinois. Par conséquent, ces personnes exercent des activités semi-légales, voire illégales, dans les villes. L'État chinois a voulu régulariser ce domaine en les encourageant à s’enregistrer dans des supermarchés ou dans des compagnies, mais ce fut un échec. Sinon, l'État se contente de donner des amendes aux rénovateurs pour diverses raisons telles que l'absence de permis de résidence, absence de permis de compagnie, etc. 
Enfin, la quatrième partie de l'article aborde le point de vue du travail chez ces travailleurs. Contrairement aux ouvriers des entreprises qui ont connu l'ère du socialisme, les rénovateurs migrants ont une perspective du travail bien différente. Étant largement influencés par le marché, ceux-ci possèdent une perspective assez libérale. En effet, ceux-ci perçoivent le travail comme un privilège ou une opportunité où on doit travailleur dur.
Au final, Lei Guang en vient à trois conclusions. La première est que les réseaux personnels des rénovateurs migrants reposent sur deux lignes: celles du travail et celles du village. La seconde est que les relations entre l'État chinois et les travailleurs se déroulent essentiellement sur les lieux publics et non de travail. Enfin, la dernière est que les travailleurs provenant du monde rural ont une perspective sur le travail largement différent de ceux du monde urbain.
L'auteur utilise principalement comme sources premières ses entrevues avec Cheng Gong, un rénovateur migrant et ses expériences sur le terrain pour arriver à ces conclusions ou pour réfuter la thèse d'autres personnes. Il utilise également comme source secondaire certaines données statistiques ou d'autres articles pour supporter ses arguments. 
Dans le cadre de notre cours, le texte de Lei Guang nous permet de comprendre la complexité de l'univers tant sur le plan social, économique et politique des travailleurs migrants en Chine. En effet, loin d'être un groupe homogène, Guang à travers l'exploration du monde des rénovateurs migrants ruraux de résidence, démontre comment ces personnes s'intègrent au monde urbain dans leur quête salariale. Le témoignage de Chen Gong et de l'expérience sur le terrain de l'auteur nous donne une bonne vue d’ensemble de leurs situations.  




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