dimanche 2 décembre 2012

Migrations internes et accès aux marchés du travail urbains à Shanghai


Billet de Jocelyn Morand-Contant

Roulleau-Berger Laurence et Shi Lu, « Migrations internes et accès aux marchés du travail urbains à Shanghai »,  dans Fédéric WANG, Le choix de la Chine d’aujourd’hui : entre la tradition et l’Occident, Éditions des Indes Savantes, Paris, 2010.

Laurence Roulleau-Berger est une sociologue qui a terminé son doctorat en 1982 à l’Université Lyon-2. Ses domaines de recherche sont la sociologie urbaine, la sociologie économique et la sociologie des migrations. Elle est membre ou directrice de plusieurs comités. Shi Lu est également un doctorant et a fait ses études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (E.H.E.S.S.) à Paris. Son directeur de thèse était Lucien Bianco, historien que l’on a déjà lu auparavant. Tout comme Laurence, il s’intéresse au thème de la migration en Chine depuis les 30 dernières années.

Dans cet article d’une quinzaine de pages, les deux auteurs font une analyse des migrants chinois peu qualifiés à Shanghai. Ils parlent des Chinois qui viennent en ville et qui souhaitent y trouver un travail. Ce phénomène a commencé à apparaitre au cours des années 80 avec l’ouverture économique de la Chine. En même temps, les autorités centrales ont diminué leur contrôle sur le système du hukou, passeport interne qui délimitait les zones auxquels les paysans avaient le droit d’aller.  Les auteurs nous expliquent également que l’État n’offre plus « l’emploi à vie » et que le chômage en ville commence à apparaitre. 

Pour protéger ses habitants, la ville de Shanghai va séparer le marché du travail en 3 secteurs. L’industrie lourde, le textile et la construction sont ouverts aux migrants, les emplois intermédiaires sont réservés aux citadins, mais ouverts aux migrants et les emplois « visibles » (chauffeur de taxi, agent de sécurité, etc.) sont complètement interdits aux migrants. Cette séparation de l’accès aux marchés du travail va faire en sorte que les emplois des migrants vont être accompagnés de conditions difficiles : journée de 14 heures, heures supplémentaires parfois non rémunérées, accès interdit à la protection sociale, etc. Les migrants vont utiliser leur réseau de connaissances afin de définir leur stratégie migratoire. Les emplois qu’ils vont avoir vont être extrêmement variés selon l’endroit où ils ont décidé d’aller. Les 2 auteurs nous mentionnent également que les migrations constantes d’une région à l’autre font perdre les points d’ancrage sociaux et économiques des migrants. Ces déménagements constants vont faire en sorte qu’ils auront de plus en plus de difficulté à trouver un emploi avec le temps.
Les 2 auteurs vont terminer leur article en disant que les formes de domination sociale, économique et symbolique ont toujours eu lieu dans les sociétés capitalistes. En Chine, la société postcommuniste est aussi marquée par ce même genre de dominations qui exclut les travailleurs et crée une ségrégation du travail. Malgré tous les obstacles auxquels font face les migrants, ceux-ci se mobilisent afin de se faire reconnaitre par une société qui les ignore et les méprise.

Aucun commentaire: